Comment soigner une phobie ?

La phobie est une peur irrationnelle qui naît de la tentative infructueuse de contrôler ses émotions face à un évènement. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’en débarrasser. Quels sont les différents types de phobies et comment peut-on les soigner ? Nous en parlons dans cet article.

Qu’est-ce qu’une phobie ?

Une phobie se traduit par une anxiété, une angoisse qui se focalise sur une situation, un objet ou une activité précise. Elle se différencie de la peur par son aspect plus prononcé et surtout handicapant dans la vie quotidienne.

En effet, la peur est une émotion naturelle présente chez tous les hommes. Elle nous pousse à agir et à nous protéger par exemple lorsque nous sommes en situation de danger en nous incitant à fuir. 

Nous finissons d’ailleurs même par nous accommoder à nos simples frayeurs la plupart du temps. C’est par exemple le cas d’une personne qui évite systématiquement de s’approcher d’un animal précis, sans que cela ne lui pose de problème dans sa vie de tous les jours.

Mais lorsqu’en l’absence d’un danger réel la peur prend des proportions démesurées, occupe toute notre pensée, nous empêche d’agir et influence négativement nos choix et non comportements, il ne s’agit plus d’une simple peur, mais d’une pathologie qui doit être traitée. C’est ce que l’on appelle cliniquement une phobie.

Les différents types de phobies

La science distingue communément 2 différents types de phobies : les phobies simples et les complexes.

Les phobies simples

On parle de phobie simple lorsqu’il s’agit d’une peur injustifiée et déraisonnable liée à un objet ou à une situation précise. Comme exemple, nous avons : la peur du vide, des miroirs, de l’eau ou encore la peur de certains animaux comme c’est souvent le cas pour les araignées (arachnophobie), les serpents ou les oiseaux. Il existe en tout plus de 6000  différentes phobies simples répertoriées. Certaines sont très fréquentes comme la peur des trous (trypophobie), la peur de vomir (émétophobie), la phobie d’impulsion ou encore la bien connue claustrophobie.

La plupart des individus qui en souffrent finissent par mettre en place des mécanismes d’évitement des objets ou des situations qui déclenchent la peur et parviennent à vivre avec cette anxiété, tant bien que mal.

Les phobies complexes

Plus profondes et invalidantes que les phobies simples ou spécifiques, elles se développent davantage à l’âge adulte et sont souvent liées à des traumatismes ou à des événements chocs encore inscrits dans l’inconscient. Voici les 2 phobies complexes les plus répandues :

L’Agoraphobie

L’agoraphobie est la peur des lieux publics où se retrouvent plusieurs personnes, par exemple les fils d’attentes, les centres commerciaux, les transports en commun, etc. Les personnes atteintes de ce type de phobies évitent généralement de quitter leur domicile. Lorsqu’ils le font, ils préfèrent être accompagnés d’une personne qui a toute leur confiance.

Se rendre dans un magasin peut alors se transformer en véritable épreuve pour le cœur et pour l’esprit, et finir en crise de panique ou de larmes.

Cette situation est extrêmement difficile à vivre pour les personnes qui en souffrent. Heureusement, elle se soigne comme les autres.

La phobie sociale

La phobie sociale se caractérise par la peur excessive d’une ou de plusieurs évènements sociaux. La peur d’être observé, d’être jugé, de prendre la parole en public ou de parler à des inconnus sont des exemples bien connus de phobies sociales. 

C’est une pathologie grave qui conduit parfois à une invalidation. C’est notamment le cas de la phobie scolaire (la peur d’aller à l’école) qui peut conduire à un échec scolaire pour les enfants malades.

Les symptômes d’une phobie

La phobie déclenche plusieurs symptômes anxieux chez la personne qui en souffre lorsque cette dernière se retrouve dans la situation ou en face de l’objet qu’elle redoute. Parmi les plus fréquentes on peut noter :

• Tremblements
• Respiration rapide, sensation d’étranglement ou d’étouffement
• Vertiges, vision trouble
• Maux de tête
• Difficultés à parler
• Nausées, diarrhées ou d’autres troubles gastro-intestinaux
• Accélération du rythme cardiaque
• Transpiration excessive
• Troubles du sommeil

La personne phobique est toujours consciente de son problème. Elle sait que sa peur est anormale et excessive, mais elle est incapable de l’arrêter seule. Il est inutile d’essayer de raisonner cette personne. En effet, ce n’est pas la raison qui domine ici mais l’imagination et les trop fortes émotions. Dans les cas les plus sévères, les phobies peuvent entraîner une anxiété généralisée ainsi que la dépression. Heureusement, on peut soigner une phobie.

Quelles sont les causes des phobies ?

Les chiffres montrent qu’1 ou 2% de la population générale va souffrir à un moment de sa vie d’un trouble anxieux. L’environnement familial et l’éducation jouent un rôle important dans l’apparition d’une phobie. Un parent phobique peut par exemple transmettre une vulnérabilité émotionnelle à son enfant, ce qui va prédisposer ce dernier aux phobies.

Les phobies simples sont généralement liées à des évènements traumatiques réels ou fantasmés dans l’enfance.

La phobie de l’eau par exemple peut s’installer chez un enfant qui a failli se noyer, mais aussi chez un enfant qui a imaginé se noyer. Cette forme de phobie concerne entre 10 et 20 % de la population et touche deux fois plus de femmes que d’hommes.

Dans le cas d’une agoraphobie, les peurs sont souvent liées à la survenue de crises de paniques répétées, qui font apparaître un sentiment d’étouffement caractéristique. Elle peut également apparaître progressivement sans forcément avoir un lien avec des troubles de paniques. Cette pathologie concernerait 8 à 10 % de la population entre 18 et 35 ans, dont 80 % sont des femmes.

La phobie sociale apparaît généralement chez les adultes et touche autant d’hommes que de femmes. On estime à environ 3 % le nombre de personnes souffrantes d’une forme sévère et à 1/10 le nombre qui serait atteint d’une forme moins grave de cet état handicapant. Elle peut être liée à une situation vécue ou à un comportement observé chez d’autres personnes (l’humiliation publique d’une personne par exemple). Vivre dans une famille ayant peu de contacts sociaux peut par exemple favoriser l’apparition d’une phobie sociale. A savoir que certaines  phobies spécifiques non traitées et invalidantes, comme la peur de tomber ou de rougir en public, peuvent ensuite amener vers une phobie sociale.

Comment soigner une peur irrationnelle ?

S’il y a bien une bonne nouvelle, c’est que les phobies sont aujourd’hui des problématiques très bien prises en charges par de nombreux praticiens professionnels et qu’elles se soignent toutes sans exception. Parmi les méthodes les plus efficaces, nous avons par exemple :

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC)

L’efficacité des Thérapies cognitives et comportementales (TCC) dans le traitement des phobies spécifiques n’est plus à faire et est validée par des études scientifiques contrôlées. L’approche consiste à faire apparaître l’habituation en plaçant la personne phobique dans des situations anxiogènes. 

L’expérience a montré que le temps et l’intensité des crises d’angoisse diminuent à chaque nouvelle fois que la personne phobique est exposée à ses peurs jusqu’à ne plus être symptomatique. 5 à 7 sujets sur 10 traités par TTC connaissent une amélioration significative ou ne présentent plus les symptômes initiaux. Toutefois, le diagnostic doit obligatoirement être posé par un psychiatre au préalable et il s’agit d’une thérapie plutôt longue, souvent étalée sur une année de séances.

L’hypnose 

Si vous cherchez une solution rapide et efficace, presque miraculaire : l’hypnose pourrait sans-doute vous guérir !  Le traitement de la phobie par l’hypnose consiste à identifier l’objet réel du stress pour l’individu puis à le traiter et à le faire disparaître. Par principe, aucune peur n’est figée ou stéréotypée. Le praticien effectue donc un travail de régression hypnotique pour retourner aux origines de la peur.

Il renvoie le patient dans son histoire personnelle pour aller trouver des situations où il se sentait particulièrement bien et avait le plein contrôle sur ses propres émotions et sur le cours des choses.

Selon qu’il s’agisse d’hypnose ericksonienne ou humaniste, le thérapeute peut aussi s’appuyer sur un univers de symboles pour aller chasser cette phobie.

L’hypnothérapeute fait le lien entre les souvenirs qui sont source de problèmes et d’autres apprentissages qui vous semblaient impossibles, mais que vous avez progressivement maitrisés. Il vous aide ainsi à puiser des solutions dans vos souvenirs positifs pour adopter des réactions plus rationnelles face à l’objet de la phobie. Résultat presque garanti.

L’EMDR

La thérapie EMDR est efficace pour soigner une phobie. est une thérapie de mémoire qui prend en compte le passé de l’individu phobique. Elle est entièrement basée sur la confiance émotionnelle entre le psychologue EMDR et sa patiente, ce qui permet au praticien de restructurer le passé qui influence négativement le présent de son patient. Concrètement, les séances peuvent se caractériser par la vision d’un pendule de gauche à droite, pas l’écoute de sons binauraux ou encore par tes tapotements entre les 2 genoux. L’objectif : faire travailler les 2 hémisphères de votre cerveau en même temps.

La psychothérapie EMDR modifie ainsi le ressenti du souvenir pour enlever la sensation de peur irrationnelle. Elle s’avère particulièrement utile pour soigner ou guérir les chocs post-traumatiques et l’anxiété & les angoisses intenses.

La méthode TIPI

La Technique d’identification des peurs inconscientes (TIPI) ou vécu sensoriel est une méthode moins connue mais qui permet également de se libérer de ses peurs et des émotions nuisibles à la vie quotidienne. Elle permet dans un premier temps d’identifier les peurs inconscientes, puis, dans un second temps, de les supprimer. Le patient doit revivre les souvenirs et les sensations désagréables qu’il ressent lorsqu’il a peur pour pouvoir les traiter de façon objective.